IX - Suite des mésaventures de Poulou

Nous étions en décembre, et le froid commençait à faire sérieusement son apparition. Malgré cela, nous décidâmes d’aller faire la veillée chez nos voisins les Passenal. D’ailleurs, il faisait un beau clair de lune, et le trajet à parcourir n’était pas long.

Nous étions autour de la cheminée en train de bavarder, une tasse de café à la main, ainsi que quelques friandises que nous avait confectionnées la maîtresse de maison. Leur chienne Pomponne, qui somnolait sur un vieux coussin, dressa tout à coup l’oreille et se dirigea vers la porte d’entrée en s’agitant et remuant la queue. Son maître dit: «Il est déjà neuf heures, et la chienne veut regagner son lit.» Il se leva, mit sa veste et ouvrit la porte à Pomponne, qui, comme à son habitude, contourna la maison pour se réfugier dans un petit réduit qui servait pour ranger les outils ainsi que la chaudière pour faire la soupe des cochons. Passenal ferma la porte et mit le verrou. Par la suite, la soirée se déroula normalement et nous étions de retour à la maison vers onze heures du soir.

Le lendemain matin, le voisin, qui était toujours matinal, après avoir allumé le feu et bu sa tasse de café, sortit malgré le froid glacial libérer sa chienne. Il fut d’abord surpris d’apercevoir au bout de sa terrasse une paire de sabots. Avant de chercher à comprendre, il fit sortir sa Pomponne et que voit-il, recroquevillé dans un coin du réduit? Poulou, serrant dans ses bras la pauvre bête, pour recevoir un peu de sa chaleur. Sur le coup, Passenal fut extrêmement surpris et même furieux de voir le pauvre idiot dans cet endroit. Mais il le vit apeuré et grelottant de froid. Alors, il pensa qu’il était plus raisonnable de le faire venir au coin du feu et de lui donner une bonne tasse de café pour le réchauffer. Les explications pouvaient attendre. En fait, Poulou, qui ce soir-là venait d’un hameau voisin, entendit parler et rire, en passant à proximité de la maison, ce qui n’était pas habituel. Comme il était très curieux, il se déchaussa pour ne pas faire de bruit et vint coller son oreille à la porte pour savoir ce qui se passait. Lorsqu’il entendit le voisin qui se préparait à sortir, il ne trouva rien de mieux que d’aller se réfugier dans la petite pièce. Il ne se doutait pas que celle-ci servait de niche à Pomponne. C’est ainsi qu’il y passa la nuit, accompagné de la brave chienne, qui par sa chaleur naturelle lui évita peut-être une congestion.

 

 


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