La tonte des moutons

Tous les ans, au mois de Mai
Nous recevions la visite des tondeurs de moutons
Depuis longtemps je les attendais
Pour moi, c'était une journée d'émotions.

Ils arrivaient au petit jour
Avec lanières et grands ciseaux,
Mon Père installait dans la cour
Un plancher avec des grands plateaux.

On amenait en toute hâte
Les bêtes au tondeur qui les couchait,
Ensuite il serrait les quatre pattes
Pour qu'elles ne puissent bouger.

Alors commençait la tonte
Dans la laine à grands coups de ciseaux
Au début, impressionné, je me cachais de honte
Je croyais à chaque instant qu'ils allaient percer la peau.

C'était un travail bien pénible
Qui demandait beaucoup d'attention
Parfois les brebis étaient sensibles
Il fallait les manier avec précaution.

De ce temps là, dans le dos on laissait des bosses
Ce n'est que par la suite qu'on a tout enlevé,
Après la tonte les bêtes paraissaient plus grosses
Cela faisait la fierté des bergers.

C'est surtout auprès du gros bélier
Que l'on apportait le plus de soins
En plus des bosses bien taillées
Il avait droit à une couronne sur les reins.

Il fallait remettre les sonnailles
Avec de nouveaux colliers de bois
On en réparaît certains vaille que vaille
Cela revenait trop cher de les changer tous à la fois.

Les grosses cloches étaient pour les mâles
Les moyennes pour les brebis
Quant aux petites c'était d'avantage
Pour les agnelles et les chèvres aussi.

J'oubliais de parler des beaux manteaux de laine
Que les tondeurs savamment enroulaient
Entassés dans des corbeilles vite pleines
Je les transportais dans un coin du grenier.


les souvenirs de Rémy Le Destin - Roman La page de Rémy